La large libéralisation du transport par autocar contenue dans la loi Macron aiguise les appétits pour ce marché qui avait commencé à s’ouvrir en 2009. La SNCF, avec ses Ouibus, est notamment à l’offensive, quitte à concurrencer ses propres trains. Elle affronte sur ce marché Flixbus et Isilines. Explications.
Une libéralisation des cars longue distance
Pendant
 longtemps, le transport intérieur par autocar sur des liaisons 
régulières de longue distance était interdit en France. Du coup, il 
était par exemple impossible de prendre un car à Rennes pour se rendre à
 Paris. Et le client d'un autocar reliant Paris à l'Allemagne n'était 
pas autorisé à descendre en chemin à Strasbourg. En 2009, la législation
 a changé et le cabotage sur les liaisons internationales a été autorisé
 pour les transporteurs, à condition, toutefois, qu'il représente moins 
de 50 % de leur trafic et de leur chiffre d'affaires.
L'idée d'une libéralisation totale 
des dessertes nationales, souhaitée de longue date par les 
professionnels, avait en revanche à l'époque été retoquée, le 
gouvernement trouvant alors le développement du car peu compatible avec 
le Grenelle de l'environnement. Mais elle est finalement ressortie des 
cartons. L'équipe Valls a en effet décidé de libéraliser très largement 
le transport par autocar, une mesure appelée de ses voeux par l'Autorité
 de la concurrence et contenue dans la loi Macron, adoptée en 2015. 
Concrètement, depuis la rentrée 2015, il est possible de lancer de 
nouvelles lignes d'autocar pour les distances de plus de 100 km. Pour 
les lignes de moins de 100 km, les transporteurs doivent faire une 
déclaration à l'Arafer, l'Autorité de régulation des transports 
ferroviaires, dont la compétence a été étendue au car. Et c'est vers 
l'Arafer que peuvent se tourner les régions si elles estiment que ces 
liaisons de moins de 100 km viennent menacer l'équilibre économique des 
trains régionaux.
Cette nouvelle donne crée une 
concurrence pour les trains de la SNCF... Et offre une nouvelle jeunesse
 au car, moins rapide, mais plus économique et susceptible notamment de 
séduire une clientèle jeune. Un mode de transport jusqu'à présent un peu
 laissé de côté dans l'Hexagone, mais qui devrait donc se developper de 
plus en plus. En 2015, les autocaristes identifiaient cependant encore 
un frein de taille : le faible nombre et le confort limité des gares 
routières.
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Les transporteurs s'organisent
Acteur de longue date du transport par autocar en Europe, Eurolines,
 filiale de Veolia Transport (depuis devenu Transdev), a été le premier à
 se lancer sur le nouveau créneau du cabotage, à l'été 2011, en 
proposant une desserte française sur ses grands trajets internationaux. 
Au menu dans un premier temps, des Caen-Paris, Rouen-Paris, 
Rennes-Paris, Rennes-Rouen, Nantes-Paris et Angers-Paris, dans le cadre 
de voyages du Grand-Ouest vers l'Europe de l'Est. Dans la même maison, 
c'est Isilines, autre filiale de Transdev, qui opère désormais sur les lignes intérieures. En avril 2012, Mégabus,
 filiale du groupe britannique Stagecoach, a lancé à son tour une 
offensive choc, en proposant des Londres-Paris à partir de 1 euros, à 
bord d'une flotte d'autocars flambant neuve. Avec dans l'idée, à terme, 
de faire de l'ombre à Eurostar, filiale de la SNCF à 55 %. En mars 2015,
 il a inauguré des Paris-Toulouse.  Megabus a ensuite été racheté  par Flixbus
 - société allemande qui a annoncé en mai 2015, juste avant la 
libéralisation du secteur promise par la loi Macron, son intention de se
 lancer sur le marché français. A la même époque, des PME du secteur, 
fédérées sous la marque Starshipper, ont aussi commencé à prendre position, avant de  faire alliance avec Ouibus . Sans compter, justement, la SNCF et ses Ouibus.
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La SNCF lance sa contre-attaque
Pour
 couper la route à Eurolines et Mégabus, mais aussi pour prendre des 
parts de marché à la voiture, quitte à concurrencer ses propres trains, 
la SNCF a lancé sa contre-attaque à l'été 2012. Juste avant l'ouverture 
des JO de Londres, l'entreprise ferroviaire inaugure - le 23 juillet - 
un service de desserte longue distance par autocar baptisé iDBUS. « 
Le projet est d'ouvrir un hub à Lille, à partir duquel nous desservirons
 les grandes capitales européennes : Paris, Londres, Bruxelles et 
Amsterdam dans un premier temps 
», expliquait quelques semaines plus tôt aux « Echos » Barbara 
Dalibard, directrice générale de SNCF Voyages. Les tarifs sont 
économiques - ils s'échelonnent par exemple de 49 à 65 euros pour un 
Paris-Londres. La SNCF étoffe ensuite peu à peu son offre. En septembre 
2015, elle rebaptise des iDBUS Ouibus et donne un sacré coup 
d'accélérateur, annoncant le lancement dès 2016 de 130 lignes d'autocars
 articulées sur un réseau de 35 destinations en France. Avec pour 
objectif 4 millions de voyages Ouibus en 2016. Des ambitions qui font 
grincer des dents en régions, où l'on s'inquiète d'une concurrence 
directe de ces autocars pour certaines lignes de trains régionaux (TER).
Au global, le succès populaire est au
 rendez-vous pour ces nouvelles lignes d'autocar, avec 5 millions de 
voyageurs transportés en un peu plus d'un an, depuis la rentrée 2015. 
Pour l'heure toutefois, tous les acteurs qui se sont lancés sur ce 
créneau perdent de l'argent. Les prix pratiqués ne couvrent tout 
simplement pas les coûts de production.
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Une concurrence aussi pour le covoiturage
La
 libéralisation du transport interrégional par autocar n'est pas qu'une 
menace pour la SNCF. Elle développe aussi une concurrence nouvelle pour 
les entreprises de covoiturage, à commencer par BlaBlaCar, le leader 
incontesté du secteur. Elle va en effet permettre aux autocaristes 
d'enrichir le nombre de villes desservies, avec des tarifs (une 
vingtaine d'euros dans la plupart des cas) comparables à ceux du 
covoiturage. BlaBlaCar va devoir défendre ses parts de marché.
Source les Échos 


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