Loi travail : les décrets sur le temps de travail sont publiés
La parution de ces décrets va permettre l'application de l'article 8 (ex-article 2), colonne vertébrale de la loi qui a été au coeur de la contestation, ainsi que de l'article 9 relatif aux congés spécifiques.
Tous les décrets concernant le volet
temps de travail de la loi travail promulguée en août, qui actent la
primauté de l'accord d'entreprise sur l'accord de branche, sont parus
samedi au Journal officiel, pour une entrée en vigueur au 1er janvier
2017.
La parution de ces décrets va permettre l'application de l'article 8 (ex-article 2) , colonne vertébrale de la loi qui a été au coeur de la contestation, ainsi que de l'article 9
relatif aux congés spécifiques (familiaux, vie associative, etc...),
a-t-on expliqué au ministère du Travail, qui s'est félicité de cette
publication.
"Cela va permettra à
des accords d'intervenir assez rapidement sur le fondement de ces
nouvelles dispositions. Nous avons voulu aller vite afin que les acteurs
de l'entreprise aient tous les outils pour commencer à négocier",
a-t-on expliqué, précisant que les négociations pouvaient démarrer dès à
présent en perspective de l'entrée en vigueur de la mesure au 1er
janvier 2017.
"Inversion de la hiérarchie des normes"
L'article
8, qui fait l'objet de deux décrets (un décret en Conseil d'Etat, un
décret simple), réécrit toute la partie temps de travail du Code du
travail sur trois étages : l'ordre public, le champ de la négociation
collective et les dispositions supplétives applicables en l'absence
d'accord d'entreprise ou de branche.
Philosophie
de la loi, il vise à faire primer l'accord d'entreprise sur la
convention de branche pour la plupart des dispositions concernant le
temps de travail. Les opposants à la loi travail, qui ont contesté le
texte dans la rue de mars à septembre, y voient une "inversion de la
hiérarchie des normes", facteur selon eux de dumping social.
Un
autre décret est paru samedi concernant la transmission des accords
d'entreprise à la branche: tous les accords, une fois signés, devront
être transmis aux "commissions paritaires permanentes de négociation et
d'interprétation" qui auront un rôle de "veille" sur les accords signés
dans leur secteur, afin d'éviter notamment une distorsion de
concurrence, a détaillé le ministère.
Source les Échos
Un rappel
Le temps de travail négocié dans l'entreprise
C'est le coeur du réacteur de la réforme et le
noeud de la discorde. L'article 2 du projet de loi prévoit que
désormais, c'est dans l'entreprise que doivent se négocier les questions
d'organisation du temps de travail. Si la durée l'égale reste à 35
heures par semaine, c'est sur le lieu de travail que seront fixés les
paramètres concernant les heures supplémentaires, du seuil de
déclenchement à la rémunération de celles-ci (avec possibilité de
calculer le temps de travail sur trois ans) comme leur rémunération (pas
en deçà de 10 %) en passant par les règles d'astreinte ou de prise de
congés.
Manuel Valls a
dû concéder qu'en l'absence d'accord, c'est la loi actuelle qui
s'appliquera, mais désormais, le verrou de la branche va sauter. Les
règles décidées par la profession ne s'appliqueront qu'en l'absence
d'accord d'entreprise.
Le licenciement facilité dans les PME
C'est l'autre point de départ de la
contestation et les premiers éléments sur lequel le gouvernement a
reculé : en renonçant dès mars à plafonner les indemnités prud'homales,
Manuel Valls a considérablement réduit l'ambition du volet réforme du
licenciement du texte. S'il a ensuite tenté de conserver la refonte du
périmètre d'appréciation par le juge des difficultés économiques d'une
multinationale, pour le ramener de l'échelle internationale à la
nationale, l'exécutif a aussi fini par céder à la rue et aux frondeurs,
sur ce point. Cela lui vaut l'ire des grandes entreprises, qui menaient
un intense lobbying pour cette mesure.
Reste quand même au final l'article précisant
les critères des licenciements économiques en les différenciant selon la
taille des entreprises. Les TPE (moins de 11 salariés) connaissant au
moins un trimestre de baisse « significative [...]
des commandes ou du chiffre d'affaires " (en comparaison avec la même période un an avant) pourront licencier. Sont aussi évocables « des pertes d'exploitation, une dégradation de la trésorerie » ou « tout autre élément de nature à justifier ces difficultés ".
Il faudra deux trimestres consécutifs de baisse pour une entreprise de
11 à moins de 50 salariés, trois trimestres de 50 à moins de 300
salariés et quatre trimestres au delà de 300 salariés.
La création d'accords offensifs sur l'emploi
Prolongeant et musclant la logique des accords
de maintien dans l'emploi créés en 2013, le texte permet aux
entreprises d'ajuster, par accord majoritaire, leur organisation pour « préserver ou développer l'emploi ».
L'accord majoritaire primera sur le contrat, y compris en matière de
temps de travail. Dans les entreprises dépourvues de délégué syndical,
il peut être signé par des représentants élus mandatés par les
syndicats. Le salaire mensuel ne pourra pas être diminué mais d'autres
éléments de rémunération (primes, etc.) peuvent être revus à la baisse
ou supprimés.
A défaut de stipulation de la durée de
l'accord dans le texte, celle-ci serait fixée à cinq ans. Les salariés
refusant ces accords s'exposeront à un licenciement pour « motif
spécifique ", avec la procédure d'un licenciement individuel pour motif
économique mais sans les mesures de reclassement. Ils bénéficieront d'un
« parcours d'accompagnement personnalisé ", assuré par Pôle Emploi et financé pour l'essentiel par l'Etat.
Le recours au référendum
Les règles de validation des accords conclus
entre direction et syndicats dans les entreprises vont être
bouleversées. Actuellement, un accord pour être valable doit être signé
par des organisations représentant au moins 30 % des salariés, à la
condition qu'il n'y ait pas d'opposition de syndicats représentant plus
de 50 % des salariés.
Demain, un accord signé par des organisations
représentant au moins 30 % des salariés mais moins de la moitié ne
pourra entrer en vigueur que s'il est validé la majorité des salariés à
l'occasion d'un référendum et si ce dernier est demandé par un des
syndicats signataires dans le mois suivant le paraphe du texte.
Les forfaits jours sécurisés
Les PME ne pourront pas conclure de gré à gré
des forfaits jours avec leurs salariés autonomes comme prévu
initialement. Il faudra en passer par un accord collectif
systématiquement. En revanche, la loi va sécuriser le dispositif. Comme
l'a préconisé la Cour de cassation dans son rapport annuel 2014, la loi
travail se propose de « préciser dans le Code du travail les clauses
obligatoires de l'accord collectif permettant de garantir la protection
de la santé et de la sécurité des salariés », en particulier les
modalités d'évaluation et de suivi par l'employeur de la charge de
travail, et celles des échanges périodiques entre l'employeur et le
salarié de cette charge.
De surcroît, un dispositif dit de béquille va
sécuriser les forfaits jours des entreprises qui s'appuient sur un
accord insuffisamment précis en matière de suivi du temps et de la
charge de travail. Les forfaits jours déjà conclus et adossés à des
accords non conformes pourront s'appliquer dès lors que l'employeur
respecte ces dispositions « béquilles ».
La définition d'un ordre public conventionnel
C'est une ultime concession du gouvernement.
La réforme dans sa version finale affirme la prééminence de la branche
sur six sujets : la prévention de la pénibilité et l'égalité
professionnelle femmes-hommes vont s'ajouter aux minima salariaux, aux
classifications, aux garanties collectives complémentaires et à la
mutualisation des fonds de la formation professionnelle.
Est aussi désormais demandé au patronat et aux syndicats des branches de préciser par accord la définition d'un « ordre public conventionnel " qui
s'imposera à toutes les entreprises du secteur. Mais ils auront le
temps... Dans sa dernière version, la loi prévoit seulement que « avant
le 30 décembre 2018, chaque branche établit un rapport sur l'état des
négociations ".
Un revenu et une aide pour tous les jeunes chômeurs
Pour les jeunes de 16 à 25 ans ni en emploi,
ni en étude, ni en formation, le texte généralise dès 2017, sous
conditions de ressources, le « droit » à la garantie jeunes. Ce
dispositif, lancé timidement en 2014 et en cours de déploiement
national, prévoit un accompagnement renforcé vers l'emploi, par les
missions locales, et une allocation mensuelle de 461 euros, pendant un
an.
Pour les moins de 28 ans diplômés depuis moins
de trois mois, est créée une aide de quatre mois à la recherche du
premier emploi.
Le Compte personnel d'activité
François Hollande y voit la « grande réforme sociale du quinquennat ".
Le Compte personnel d'activité (CPA) regroupera, à partir de 2017, le
compte personnel de formation (CPF), le compte pénibilité (C3P) et un
nouveau « compte d'engagement citoyen ". Il sera ouvert aux retraités.
Le plafond du CPF va monter de 150 à 400 heures pour les salariés sans
diplôme.
La nouvelle représentativité patronale
Après des semaines de
tractations, les principales organisations patronales (Medef, CGPME,
UPA) sont parvenues à trouver un accord au début du mois de mai : les
mandats dans les organismes paritaires, à commencer par le fonds
paritaire national pour le financement des partenaires sociaux créé en
mars 2014, seront répartis à hauteur de 70% du nombre de salariés des
entreprises adhérentes et 30% du nombre d'entreprises adhérentes. Une
répartition qui devrait permettre au Medef de demeurer majoritaire sur
le plan social.
Voici tous les décrets officiels -JO-
Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social
- 26 Décret n° 2016-1551 du 18 novembre 2016 portant diverses mesures relatives à la durée du travail, aux repos et aux congés
- 27 Décret n° 2016-1552 du 18 novembre 2016 relatif aux congés autres que les congés payés
- 28 Décret n° 2016-1553 du 18 novembre 2016 portant diverses mesures relatives à la durée du travail, aux repos et aux congés
- 29 Décret n° 2016-1554 du 18 novembre 2016 relatif au congé de proche aidant
- 30 Décret n° 2016-1555 du 18 novembre 2016 relatif aux congés autres que les congés payés
- 31 Décret n° 2016-1556 du 18 novembre 2016 relatif à la procédure de transmission des conventions et accords d'entreprise aux commissions paritaires permanentes de négociation et d'interprétation
- 32 Décision du 17 novembre 2016 portant délégation de signature (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques)
et des informations spécifiques "Transport"
Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer, en charge des relations internationales sur le climat
- 9 Décret n° 2016-1549 du 17 novembre 2016 relatif à certaines dispositions de la partie réglementaire du code des transports
- 10 Décret n° 2016-1550 du 17 novembre 2016 relatif à certaines dispositions de la partie réglementaire du code des transports
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