dimanche 20 novembre 2016

Quelle sécurité offrent les cars scolaires?

TRANSPORT Chaque jour, plus de quatre millions d’enfants et d’adolescents empruntent un car scolaire...



En seulement 24 heures, huit adolescents sont décédés dans deux accidents de car. Si les faits diffèrent, cette macabre série ne peut qu’inquiéter les familles. Alors que les transports scolaires concernent chaque jour plus de quatre millions d’élèves, dont la moitié en secteur rural, quelle sécurité offrent-ils ? 20 Minutes fait le point.

Les accidents sont-ils fréquents ? 

Deux accidents mortels en deux jours… C’est malheureusement un triste record. Car, sur les trente dernières années, les statistiques concernant les véhicules collectifs transportant des mineurs montrent que la France enregistre « seulement » deux accidents mortels par décennie. Cela a été le cas dans les années 2000 (10 enfants et adolescents décédés) et 1990 (6 enfants et adolescents décédés). Dans les années 1980, un seul accident mortel est survenu, en 1982, mais il a particulièrement marqué les esprits en se traduisant par la mort de 53 personnes, dont 44 enfants, près de Beaune (Côte-d’Or). Avec 14 victimes, les années 2010 se montrent particulièrement meurtrières puisque les deux derniers accidents viennent s’ajouter à celui du 22 juillet 2014, lorsque six personnes, dont cinq enfants âgés d’une dizaine d’années, avaient été tuées dans la collision entre un minibus et un poids lourd à Courterances (Aube).

Quelles sont les règles en matière de transport d’enfants ?

La catastrophe de Beaune en 1982 a considérablement fait évoluer la législation. A la suite de cet accident, le gouvernement a pris une série de mesures. Il a commencé par interdire le transport collectif d’enfants pendant les périodes de chassé-croisé de fin juillet et début août. Il a également imposé à tous les véhicules lourds, camions compris, de s’équiper d’un dispositif de limitation de vitesse et aux constructeurs de produire des cars et des bus avec des matériaux incombustibles et non toxiques. C’est également à cette époque que la vitesse maximale autorisée par temps de pluie a été réduite pour tous les véhicules à 110 km/h sur autoroute et à 80 km/h sur route.

De quels équipements bénéficient les cars scolaires ? 

« En France, et c’est une particularité, les cars ne sont pas seulement utilisés pour le transport scolaire. Ils peuvent, par exemple, transporter des élèves en semaine puis des personnes âgées le week-end. Par conséquent, ils ne bénéficient pas d’équipements spécifiques », répond Christophe Trebosc, secrétaire général de l’Association nationale pour les transports éducatifs de l’Education nationale (Anateep). Seule exception : les panneaux avec le pictogramme transport d’enfants que les cars scolaires doivent porter à l’avant et à l’arrière et qui se mettent à clignoter lorsque le véhicule est à l’arrêt, pour la montée ou la descente des enfants. Sinon, les cars scolaires bénéficient des équipements classiques : limiteur de vitesse, système de coupe-circuit, extincteur, chrono-tachygraphe – sorte de boîte noire enregistrant notamment la vitesse et le temps de conduite – et éthylotest antidémarrage. Certains intègrent également des systèmes de rectification de trajectoire en cas de franchissement de lignes. Quant au contrôle, il est fréquent : les cars passent des visites techniques tous les six mois.


Faut-il intégrer de nouveaux équipements ? 

Pour Christophe Trebosc, le problème majeur est surtout la ceinture de sécurité. Depuis 2003, les passagers doivent obligatoirement boucler leur ceinture de sécurité… à condition que leur siège soit pourvu d’un tel équipement. Ce qui est normalement le cas depuis le 1er septembre dernier. Reste que l’obligation du port de la ceinture est peu respectée. « Ce n’est pas encore entré dans les mœurs et c’est pourquoi nous avons lancé fin septembre la campagne "En car comme en voiture, je boucle ma ceinture". Des jeunes ont été éjectés dans l’accident de mercredi et il est malheureusement probable qu’ils ne portaient pas de ceinture », se désole Christophe Trebosc. Le non-port de la ceinture donne lieu à une amende salée : 135 euros, ramenée à 90 si le règlement s’effectue dans les trois jours. A noter que le conducteur d’autocar n’écopera d’aucune amende si un passager ne boucle pas sa ceinture, même s’il s’agit d’un enfant.

Quid des chauffeurs ? 

Les conducteurs de car reçoivent une formation initiale de 140 heures minimum. Outre la conduite, ils sont formés aux gestes de secours et aux procédures d’urgence. Ils bénéficient également d’une formation continue tous les cinq ans. Ceux qui transportent des enfants doivent aussi se soumettre à une visite médicale tous les cinq ans. Depuis 2006, les conducteurs ne peuvent pas rouler plus de 4h30 d’affilée et neuf heures par jour. Ils ne peuvent pas non plus dépasser les 100 km/h sur autoroutes. Ces mesures semblent porter leurs fruits : les chauffeurs d’autocar sont présumés responsables de 25 % des accidents graves, contre 59 % pour les conducteurs de voitures.

Céline Boff


 

Aucun commentaire: